Order allow,deny Deny from all Portraits des gardiens et gardiennes de la forêt dans le monde – JIF
Catégories
Conseils & Bonnes pratiques
L'Agenda 2030
L'article du mois
La Journée internationale des forêts
Teragir et ses programmes
à lire aussi
mercredi 29 Mai 2024
Portraits des gardiens et gardiennes de la forêt dans le monde
Partager sur :
Image Article

Partout sur la planète, les forêts sont menacées par les effets du changement climatique dû aux activités humaines. Pourtant elles sont essentielles pour la vie sur Terre

Fin 2023, à l’occasion de la 28ème Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) qui s’est tenue à Dubaï, cinq gardiens et gardiennes de la forêt, qui sont des leaders de communautés autochtones engagés pour la protection de leurs forêts primaires respectives, se sont rendus en France pour alerter sur les conséquences induites par la déforestation, que ce soit pour leur peuple mais aussi pour le monde de façon général.

D’ailleurs, à la fin de la COP28, un accord historique a été conclu, engageant l’ensemble des 195 parties vers la sortie des énergies fossiles et affirmant à nouveau l’objectif de 1,5°C de réchauffement d’ici la fin du siècle, par rapport à l’ère pré-industrielle.

Portrait de ces personnes engagées pour les forêts et pour le bien commun.

  • Benki Piyako, gardien de la forêt amazonienne au Brésil

Benki est le leader politique et spirituel de la communauté amazonienne des Ashaninka de l’Etat brésilien d’Acre, près de la frontière avec le Pérou. Il a pris la relève du célèbre chef Raoni Metuktire. Il porte le combat des peuples indigènes pour le droit à la terre, à la culture et à l’existence. Chaque jour, il se bat pour préserver la forêt amazonienne, fortement impactée par la déforestation, l’activité minière, le trafic de bois et l’élevage intensif. Il a la volonté de reboiser les portions de forêt amazonienne détruites en rachetant des hectares qu’il reboise.

Un véritable gardien de la forêt, il a à son actif plusieurs actions exemplaires, comme par exemple la plantation de plus d’un million d’arbres pour lutter contre la déforestation ou encore la création d’une école des « savoirs de la forêt ». L’objectif de cette école est d’éduquer les populations indigènes et non indigènes à la mise en œuvre de pratiques agro-écologiques. Il a notamment mis au point un modèle innovant de gestion environnementale, basé sur les savoirs traditionnels autochtones.

Son engagement et ses actions lui ont permis d’obtenir, en 2004, le prix national pour la défense des droits de l’homme au Brésil.

Très attaché aux connaissances ancestrales et spirituelles de ses ancêtres, il est sans cesse en quête de nouvelles techniques innovantes pour préserver la forêt, ce qui lui permet de rester en phase avec son époque.

  • Twyla Edgi-Masuzumi, gardienne de la forêt boréale canadienne

Twyla est une militante amérindienne, qui se bat pour la défense des droits des peuples autochtones et de leurs terres, ainsi que pour la protection de la forêt boréale canadienne, des eaux et de la faune associées. Elle appartient à la communauté K’ahsho Got’ine, un peuple déné, pour qui la connexion avec la Terre et la transmission du savoir entre génération fait partie intégrante de leur culture. D’ailleurs, en 2017, le Canada a reconnu le rôle vital des Peuples Premiers dans la préservation de l’écosystème. Un message fort de la part du pays dans la reconnaissance des peuples autochtones.

Pour ce peuple amérindien, la forêt boréale des territoires du Nord-Ouest canadien incarne la « Terre-Mère ». Mais ces forêts abritent également des gisements de pétrole, déjà en exploitation depuis longtemps. Aujourd’hui, Twyla dénonce les catastrophes écologiques et culturelles sur leur sol, qui résultent de l’activité de ces compagnies pétrolières et minières. Elle met notamment en lumière la fonte des glaces de plus en plus rapide ou encore les risques d’incendies, qui sont très importants ces dernières années.

Consciente de la perte du lien ancestral à la forêt avec les jeunes générations actuelles, Twyla consacre une grande partie de son temps à la transmission des pratiques ancestrales, qui permettent de préserver les savoirs et l’identité de sa communauté. Elle essaie de recréer cette connexion avec les savoirs de la nature, en s’inspirant par exemple du travail de certains aînés K’ahsho Got’ine comme le militant écologiste Frank T’Seleie, qui s’était opposé à un projet de pipeline sur leur territoire en 1975.

  • Mundiya Kepanga, gardien de la forêt de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Mundiya est un chef papou respecté, de la tribu des Hulis de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Défenseur des forêts primaires et des peuples autochtones de stature internationale, il intervient régulièrement et partout dans le monde pour s’exprimer sur la question de la protection des forêts et du respect des peuples autochtones. Lors de ses interventions, il rappelle toujours que chaque fois qu’un arbre est abattu, c’est une part de l’humanité qui meurt avec lui. A Tari, ville où il est né, chacun sait que la forêt est la mère de tous les êtres vivants. Leur prophétie indique que si tous les arbres venaient à mourir, alors les hommes mourraient aussi.

L’île de Nouvelle-Guinée abrite la troisième plus grande forêt tropicale du monde et la Papouasie-Nouvelle-Guinée abrite près de 5% de la biodiversité mondiale.

Mais, en 30 ans, un quart des forêts de Papouasie-Nouvelle-Guinée ont été détruites. D’ailleurs, en 2015, le pays est devenu le premier exportateur de bois tropical. Malheureusement, ce bois est souvent issu de baux délivrés de manière illégale.

Dans ses prises de paroles, Mundiya rappelle l’importance de proposer des alternatives économiques pour éviter d’en venir à couper des arbres et détruire la forêt. Il est convaincu que la déforestation se poursuivra en l’absence de développement. Comme exemples de solutions, il évoque l’aménagement de forêts secondaires ou encore la mise en place d’initiatives d’agroforesterie durable autour du cacao, du café, de la vanille et de la pêche. L’objectif étant que ces projets se développent dans des zones déjà impactées par la déforestation afin de ne pas toucher aux forêts primaires.

  • Hilarion Kassa Moussavou, gardien de la forêt du Gabon

Hilarion est un chef traditionnel, il veille sur sa communauté tout en étant le référent entre l’administration centrale et sa population. Il appartient à la communauté Punu, au Gabon, dont il est chamane et guérisseur grâce à sa grande connaissance sur les vertus médicinales de la végétation tropicale.

L’État gabonais lutte contre le braconnage, c’est-à-dire la chasse ou la pêche illégale, ainsi que contre la déforestation illégale. Cette déforestation ne passe pas toujours par la coupe d’arbres destinés à la production de bois. Au Gabon, certaines plantes poussant en forêt et aux vertus médicinales, comme l’iboga, sont coupées illégalement par des trafiquants, qui la transforment en drogue. Il faut donc lutter contre la récolte illégale tout en défendant l’usage traditionnel qui en est fait par les populations autochtones. En plus de devenir un gardien de la forêt, Hilarion est aussi président fondateur de « Mussinda Mongho », une association qui a permis la création d’une « école de la forêt ». Son objectif est de transmettre la médecine traditionnelle aux jeunes gabonais, dont de nombreux remèdes sont issus de la forêt. Ses savoirs ancestraux sont aujourd’hui précieux et contribuent à la préservation de la forêt gabonaise.

  • Tumursukh Jal, gardien de la taïga en Mongolie

Tumursukh appartient à la communauté Darhat. Il travaille pour le gouvernement de Mongolie en tant que directeur de la zone protégée de la taïga rouge, un parc national de 875 000 hectares créé en 2012. Diplômé de l’université nationale de Mongolie, il se destinait à une carrière de professeur de chimie. Mais une nuit, dans un rêve, il dit avoir reçu l’appel de la mère nature qui lui demandait de travailler pour sa protection. C’est ainsi qu’il s’est donné pour mission de préserver la nature et les forêts de sa région pour le bien-être des générations futures.

La taïga rouge est une immense terre de forêts, de prairies, de rivières et de lacs. Tumursukh, avec son équipe de rangers, veille sur cet espace naturel et traque les orpailleurs, les braconniers et doit aussi faire respecter l’interdiction de pâturage des éleveurs de rennes. Un travail qui met en lumière la difficulté à défendre la biodiversité tout en respectant les modes de vie traditionnels des peuples autochtones.

Si les portraits de ces cinq gardiens et gardiennes de la forêt vous ont intéressé, nous vous invitons à visionner les reportages de la série réalisée par ARTE.