Durant l’année scolaire 2023-2024, l’équipe de la Journée internationale des forêts s’est rendue sur le terrain, au plus près de celles et ceux qui portent un projet La Forêt s’invite à l’École.

Le temps d’une demi-journée, nous avons pu échanger avec des porteurs et porteuses de projet afin qu’ils puissent nous raconter en détail leur projet La Forêt s’invite à l’École et nous fassent un retour d’expérience. Ce fut aussi une occasion d’échanger directement avec des élèves, maintenant devenus de véritables expertes et experts de la forêt.

Rencontre avec Monsieur Dumont, directeur de SEGPA du collège Guy de Maupassant à Fleury-sur-Andelle (Eure), et ses élèves de 6^e SEGPA. Cette année, ils ont remporté le 3^e Prix aux Trophées La Forêt s’invite à l’École.

Cette interview a été réalisée lors de leur animation de forestier, offerte dans le cadre de leur participation à La Forêt s’invite à l’École. Au programme de cette demi-journée, une activité pour découvrir le martelage au sein de la forêt de Lyons-la-Forêt.

De mon côté, ce thème de la forêt m’est cher pour des raisons personnelles. Je travaille avec Monsieur Boivin, le forestier de l’ONF, depuis 25 ans. Connaître la forêt, c’est connaître son territoire. La forêt est très présente chez nous, notamment avec cette forêt de Lyons-la-Forêt dans laquelle nous sommes. Ça me semble indispensable que des enfants, qui vivent à 7 ou 8 km d’ici bénéficient de cet environnement, qui est à leur porte. D’autant plus avec ces élèves, qui sont en SEGPA, pour qui il est important de mettre l’accent sur la connaissance de leur territoire pour qu’ils se sentent bien dans leur vie d’ado et se construisent en tant que futur citoyen. Et pour cela, il faut déjà savoir et connaître ce qu’on a autour de soi. C’est pour ça que connaitre la forêt me parait essentiel car elle fait partie de notre vie.

Je crois qu’au début de l’année, on avait un élève sur deux qui n’était jamais venu en forêt alors que la forêt de Lyons est tout près. Pour avoir travaillé dans un autre établissement en zone urbaine et aujourd’hui dans un établissement en zone rurale, c’est partout pareil : les jeunes ne sortent pas de leur quartier. C’est aujourd’hui un véritable besoin de reconnecter les élèves à la nature.

Dans les grandes lignes, ce projet La Forêt s’invite à l’École permet d’inciter les élèves à s’approprier leur établissement scolaire en travaillant sur la question de l’aménagement du paysage du collège, dans une dynamique écoresponsable dans la gestion de notre espace de vie.

On ne peut pas avoir une orientation écoresponsable seulement à l’âge adulte. Je pense qu’en tant que personnels enseignants, nous avons la mission d’éducation au développement durable auprès des enfants qui nous sont confiés et de les inviter dans cette gestion, pas en étant spectateur, mais bien en étant acteur de ça.

Et pourquoi le thème de la forêt ? Parce que rapidement, l’envie de créer une mini-forêt au sein du collège nous est arrivée. Et d’un point de vue symbolique, on trouvait ça tellement intéressant que les enfants puissent planter et se projeter dans le temps. Nous avions l’espace de le faire, de planter des arbres, cette volonté d’aménager l’établissement scolaire. C’est donc assez naturellement qu’on a décidé de céder une parcelle de notre terrain pour la transformer en forêt. La mini-forêt a été plantée avant le lancement du projet La Forêt s’invite à l’École et face à l’intérêt de tous pour ce sujet, Madame Camus (la professeur des écoles spécialisée, référente du projet) a décidé de faire de la forêt son axe de projet. Elle a souhaité avoir un thème qui fédère son groupe d’élève et qui permet d’avoir des activités diversifiées et qui donne un sens aux apprentissages. Et nous comptons bien poursuivre ce projet l’an prochain et planter de nouveaux arbres dans notre forêt !

Lorsqu’elle est arrivée au sein de notre établissement scolaire, Madame Camus a souhaité faire un projet de classe sur la forêt. Elle s’est appuyée sur notre projet d’établissement, en le déclinant à l’échelle de sa classe et en faisant le lien avec le thème de la forêt. Elle s’est ensuite inscrite sur le site internet de la Journée internationale des forêts et grâce à la validation de son dossier, nous avons pu bénéficier de dotations. Et c’est énorme tout ce que nous avons pu avoir grâce à notre participation à La Forêt s’invite à l’École ! En plus, nous avons eu la chance de venir à Paris car nous avons gagné un Trophée. Cette venue à la cérémonie des Trophées a été la concrétisation de tout ce qui avait été fait en interne. Ça a aussi donné de la légitimité au projet de Madame Camus et à ses élèves puisque ça a été une belle reconnaissance en externe, c’est très précieux !

Globalement, en ayant discuté avec eux, j’ai l’impression qu’ils apprécient beaucoup ce projet La Forêt s’invite à l’École.

Avec nos élèves de SEGPA, qui rencontrent des difficultés scolaires, il est nécessaire de répéter plusieurs fois les choses pour que les savoirs s’ancrent dans la durée. Lors de la cérémonie des Trophées et de notre venue sur Paris, avec l’ampleur de l’événement, tout ce qui a été dit, vu, les a marqués et ils se sont approprié les choses.

Ce projet, c’est le projet de Madame Camus mais c’est surtout le projet des élèves. Et cela s’est vu lorsqu’ils ont présenté leur projet lors de la cérémonie à Paris, lorsqu’ils ont été interviewés par un journaliste près de chez nous. Ils racontent leur projet et sont très à l’aise.

Les élèves qui y ont participé seront en 5^e l’année prochaine et ils nous ont demandé à ce que le projet se poursuive. On leur a expliqué que l’année prochaine, ce seront les nouveaux 6^e qui bénéficieront du projet, qui travailleront sur le thème de la forêt et qui planteront avec Madame Camus. Mais ces futurs élèves de 5^e, ils auront aussi toujours Madame Camus comme professeur. Nous avons donc décidé, pour eux, de choisir une nouvelle orientation sur le projet, et nous pensons axer leur travail autour de la filière forêt-bois. Nous envisageons de visiter une scierie, de faire intervenir une entreprise qui a réalisé une partie de la charpente de Notre-Dame de Paris, d’orienter le travail du parcours Avenir sur les voies de formation en lien avec la filière forêt-bois.

On aimerait bien aussi développer des activités de pleine nature pour donner une autre dimension au projet, en organisant une course d’orientation par exemple, sur l’utilisation de l’espace naturel qu’est la forêt pour des activités de loisirs, ce genre de choses.

Paroles d’élèves :

Lors de la sortie en forêt, notre équipe a pu échanger avec les élèves directement, pour avoir leur vision de la forêt, leurs ressentis et savoir ce qu’ils ont retenu de leur activité martelage.

Quelques verbatims de ces échanges avec les élèves :

• Je me sens bien personnellement moi, car ça me fait du bien d’être dans un espace ouvert où il y a tout, des arbres, etc.
• Je me sens bien car ça nous sort des écrans et j’adore apprendre ce qu’est un arbre, son fonctionnement, la forêt, etc.
• En forêt, je trouve que je respire bien et surtout on apprend plein de choses. J’ai même appris à mesurer un arbre ! On peut aussi construire des cabanes.

• Au début, je ne connaissais pas vraiment la forêt. Je ne savais pas comment planter un arbre, comment on gérait la forêt.
• Moi au début, j’ai cru que les arbres ils étaient tous coupés, j’ai cru que c’était comme ça, comme la déforestation. Et moi, je n’aime pas quand je vois des forêts complètement coupées. Mais si on coupe quelques arbres qu’on choisit comme on l’a vu aujourd’hui lors de l’activité martelage, c’est ça finalement la bonne pratique.
• Je trouve ça bien de se promener en forêt et d’observer différents arbres, c’est beau à voir. Le chêne par exemple, moi je le trouve beau.
• Mon regard a changé parce qu’au début, je me disais que dans une forêt, il n’y a que des arbres. Mais en fait, on se rend compte en l’observant qu’il y a plein d’insectes, qu’il y a du bois mort qui abrite les insectes, qu’il y a des animaux qui y habitent, on parle aussi de tapis forestier. C’est tout un milieu de vie. Et tous ces apprentissages, ça a beaucoup changé ma vision de la forêt.

• Je ne savais pas comment étaient coupés les arbres en forêt, je pensais qu’ils étaient coupés comme ça. Mais en fait non, il y a plein de procédures qui existent et on a pu les mettre en œuvre lors de l’exercice pratique, après que le forestier nous a donné les consignes.
• On a aussi appris à reconnaître les arbres, leurs noms.
• Au début, on ne savait pas trop à quoi s’attendre avec cette sortie, on pensait qu’on allait juste voir des arbres. Et en fait, on a eu plein d’activités à faire comme si on était les forestiers qui géraient la parcelle, c’était chouette ! On a fait plein de choses, c’était bien !

L’équipe de la Journée internationale des forêts remercie Madame Camus, Monsieur Dumont et leurs élèves pour leur accueil ainsi que Monsieur Boivin et ses équipes de l’ONF pour l’animation de cette activité martelage.